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5Mar/18Off

Les fonds activistes

Autrefois pointés du doigt comme des “prédateurs d’entreprises” et des “maîtres chanteurs financiers” (ou “greenmailers”), avides de profit à court terme à travers les entreprises qu’ils ciblent, les actionnaires activistes de l’ancienne génération ont grandi et engendré une nouvelle génération. Elle a même obtenu son propre surnom – les “fils d’activistes”. Des gestionnaires de fonds comme Scott Ferguson (le premier analyste recruté par Bill Ackman chez Pershing Square en 2003), Alex Denner, un acolyte de Carl Icahn, et Quentin Koffey (qui a passé sept ans chez Elliott Management avant de rejoindre D.E. Shaw pour aider ce fonds spéculatif à se lancer dans l’activisme actionnarial) se sont démarqués par eux-mêmes, et attirent l’attention des investisseurs comme des dirigeants d’entreprises. Bien que très enclines à lancer des “batailles de procurations” ou engager des poursuites judiciaires, ces figures montantes tendent à éviter les contentieux publics et les confrontations ouvertes qui ont fait la réputation de leurs célèbres anciens patrons. À l’inverse, leur style d’investissement – axé davantage sur les données, désireux de travailler en coulisse avec la direction et d’occuper des postes plus longtemps – illustre à quel point l’activisme actionnarial a évolué. “Leur style d’investissement – axé davantage sur les données, désireux de travailler en coulisse avec la direction et d’occuper des postes plus longtemps – illustre à quel point l’activisme actionnarial a évolué” “L’objectif est le même : faire de l’argent”, déclare Joseph Perella, co-fondateur de la banque d’investissement new-yorkaise Perella Weinberg Partners. “[Mais] il y a plus d’acteurs dans le monde de l’activisme aujourd’hui et, surtout, ils se sont largement institutionnalisés par rapport aux débuts de l’activisme, dans les années 1980.” Il ajoute que les gestionnaires se préoccupent désormais davantage des profits destinés aux investisseurs que pour eux-mêmes. Les activistes ont connu en 2017 l’une des années les plus trépidantes de leur histoire, avec 62 milliards de dollars investis dans des campagnes, soit plus du double de l’investissement de 2016, selon le groupe Lazard. Ils ont aussi gagné en influence sur les multinationales telles que Nestlé, DowDuPont et Procter & Gamble, où ils parviennent à forcer des changements de gouvernance – tout en gérant l’argent de fonds de pension, de fondations universitaires et d’œuvres caritatives tout autour du monde. Les grands noms de l’activisme actionnarial – Carl Icahn, Paul Singer d’Elliott Management, Nelson Peltz de Trian Partners, Jeff Ubben de ValueAct et Barry Rosenstein de Jana Partners – ne cèdent pas nécessairement de terrain. Mais de plus en plus d’acteurs se bousculent sur la scène, car leurs anciens gestionnaires de portefeuille commencent à voler de leurs propres ailes. “Ils sont tout à fait respectés et les entreprises dressent l’oreille lorsqu’un de ces ‘fils d’activistes’ se présente à leur porte”, explique Rich Grossman, associé du cabinet d’avocats Skadden Arps à New York, qui défend les entreprises contre les campagnes militantes. “Certains d’entre eux ont levé d’importantes sommes d’argent par eux-mêmes et disposent de fonds conséquents.” L’activisme actionnarial a émergé dans les années 1980, lorsque des hommes tels que Carl Icahn, aujourd’hui âgé de 81 ans, et Nelson Peltz, 75 ans, ont acheté des participations dans des entreprises et fait pression pour changer le mode de gouvernance. Ils ont par la suite mené des campagnes contre RJR Nabisco, AIG et Heinz. Les exigences les plus fréquentes concernaient des spin-off, la vente de l’entreprise, un changement de direction, des sièges au conseil d’administration, des rachats d’actions ou une restructuration. “L’activisme actionnarial a émergé dans les années 1980, lorsque des hommes ont acheté des participations dans des entreprises et fait pression pour changer le mode de gouvernance” Critiqués en raison de leur vision à court terme, et accusés d’acheter des parts dans des entreprises avant d’exiger ensuite de l’argent ou différentes contreparties pour prendre leurs distances (pratique surnommée “chantage au billet vert” ou “greenmail”), les activistes ont cherché à redorer leur blason en se présentant comme des “activistes constructifs”, ou même des “actionnaires très engagés”.

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