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29Sep/18Off

L’hémiplégie politique

« Etre de gauche ou de droite c’est être hémiplégique, comme disait Raymond Aron… qui était de droite »[1]. La boutade en moins, je rejoins l’idée selon laquelle nous-autres citoyens sommes généralement plus à l’aise dans l’esthétique du conflit que dans celle du compromis. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas ce qu’on peut appeler un centriste, je crois aux clivages politiques et aux oppositions d’idées, à la droite et à la gauche, et à leurs multiples composantes. La Vème République m’a sur ce point bien conditionné, peut-être à tort, mais j’ai tendance comme beaucoup à avoir une vision binaire des choses ; je dis bien binaire et non manichéenne, ce qui change tout. Quelque soit mon bord politique, je ne pars pas du principe que tout ce qui peut être réalisé de l’autre côté est forcément altéré d’un vice originel (même si je le confesse, ce n’est pas toujours facile). Je retrouve ce présupposé chez beaucoup de mes concitoyens, et malheureusement aussi chez la plupart de nos représentants : autre explication du désamour actuel ? Pour moi oui. Cela explique en tout cas pourquoi je ne parle que rarement de politique avec mes contemporains. Je crois aux désaccords disais-je, mais je crois aussi qu’il serait possible, sur bon nombre de sujets, d’arriver à des formes de consensus, ou au moins à des débats constructifs. Y a-t-il des exemples de discussions saines, non sclérosées car non manichéennes, actuellement observables dans la sphère politique ? On peut avoir en tête les commissions mixtes paritaires lorsque l’accouchement du processus législatif est difficile, le travail législatif préparatoire en commission, où députés et sénateurs de gauche comme de droite planchent ensemble sur tel ou tel sujet, la négociation des conventions collectives interprofessionnelles (la dernière en date étant l’ANI de janvier 2013)… Trop peu d’exemples à mon sens, ou trop d’exemples insuffisamment relayés, car le dialogue n’intéresse pas, le conflit un peu plus. Mais revenons à nous autres individus. Si d’aventure nous souhaitons des dirigeants à la hauteur, inversons pour une fois la perspective et montrons l’exemple. Ne soyons plus des spectateurs racoleurs des luttes intestines ou partisanes, ne partons pas nécessairement du principe que ce qui est pensé ailleurs n’est pas digne d’intérêt, soyons nous-mêmes dans l’autocritique à défaut de ne faire que critiquer les autres[2]. Bref, et avant de gloser davantage sur nos gouvernants, posons-nous cette simple question, n’avons-nous pas les dirigeants que l’on mérite ? Et nos dirigeants ne sont-ils pas manichéens surtout parce que nous attendons d’eux qu’ils le soient ?

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