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12Juil/18Off

Bordeaux et le phénomène Trump

Donald Trump dit tellement d'énormités qu'on en vient à oublier certaines, tellement elles se suivent et ne se ressemblent pas. Mais je voudrais aujourd'hui revenir sur l'une d'entre elles. Avant même son investiture, Donald Trump s'est en effet montré particulièrement critique envers l'Europe. Pour lui, ce projet-là n'avait aucun sens. Et j'ai été surpris de découvrir que ces paroles ont eu un écho chez certains européens. Il y a quelques jours, j'ai en effet participé à un séminaire à Bordeaux où j'ai eu l'occasion de discuter de tout ça avec mes collègues. Et je me suis aperçu que certains d'entre eux approuvaient les propos de Trump. C'est à mon sens passer à côté d'un point essentiel. Donald Trump critique le projet européen pour une seule raison : diviser pour mieux régner. Tout comme Poutine, il souhaite que l'Europe prenne fin. Les deux ne le font pas pour les mêmes raisons, cependant. Pour Poutine, il s'agit d 'abattre cet obstacle qu'est l'Europe, et qui se dresse sans cesse devant lui. Pour Trump, en revanche, il s'agit plutôt d'isoler chaque pays européen pour pouvoir négocier en position de force des traités de libre échange. Le milliardaire est un pur animal économique.
Cela dit, en critiquant aussi ouvertement l'Europe, il passe à côté de quelque chose d'essentiel : l'Union européenne importe chaque année pour près de 500 milliards de dollars de biens américains. Tirer à boulets rouges sur l'Europe est donc complètement irresponsable, et François Hollande n'a d'ailleurs pas manqué de le lui signifier. En fait, Donald Trump ne semble avoir aucune vision claire de la situation géopolitique. Ses attaques ne sont pas subtiles et pourraient fort bien se retourner contre lui. Et je crois que ses conseillers vont avoir un sacré travail pour lui expliquer que ce qu'il fait peut s'avérer très préjudiciable pour les Etats-Unis... Soit dit en passant, j'ai bien apprécié ce séminaire. Depuis qu'on a changé d'agence, la qualité de ces événements est montée d'un cran. D'ailleurs, je vous mets en lien leur site, si vous faites des séminaires. 😉 Retrouvez plus de renseignements sur l'organisateur de ce séminaire à Bordeaux.

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4Juil/18Off

Economie circulaire : peut-on parler de découplage ?

L’économie circulaire ne vise pas seulement à diminuer la consommation de matières et les rejets associés (pollution, déchets) mais à les découpler de la croissance économique. Aujourd’hui, un certain découplage se manifeste pour l’économie française sur la plupart des indicateurs environnementaux, avec toutefois une exception de taille : la surface des sols artificialisés continue de croître au même rythme que le PIB. Les émissions de gaz à eet de serre ainsi que, dans une moindre mesure, l’empreinte carbone et la consommation de matière ont baissé depuis 2007, alors que la production en volume se situe à un niveau proche de celui atteint avant la crise. Ce qu’on nomme la « productivité matière », c’est-à-dire le montant de la valeur ajoutée par quantité de matière utilisée, a donc fortement augmenté sur la dernière décennie. Ce découplage doit cependant être relativisé. En eet, si l’on distingue par matière, seule la consommation de combustibles fossiles a été découplée de la croissance économique. La hausse du prix du pétrole intervenue durant les années 1990 et 2000 explique sans doute en grande partie la rationalisation de la consommation, favorisant un progrès technique dans l’ecacité énergétique et dans les énergies renouvelables. La poursuite de la baisse des émissions de gaz à eet de serre sur la période récente pourrait de ce point de vue être remise en cause si le retour à un prix du pétrole peu élevé s’avérait durable. En dehors des combustibles fossiles, l’augmentation apparente de la productivité matière s’explique surtout par un eet de composition, les années récentes étant marquées par une activité faible dans l’immobilier, réduisant la consommation de matériaux de construction, et par une volatilité et une tendance baissière des prix agricoles mondiaux, aectant l’activité des industries agroalimentaires et réduisant la consommation de biomasse. En conclusion, ces indicateurs dressent le tableau d’une France moins consommatrice de matières que d’autres pays européens, en cohérence avec sa spécialisation dans les services. Pour autant, sa marge de progression pour le recyclage des déchets reste importante. De même, ses émissions de gaz à eet de serre par tête sont parmi les plus faibles des pays développés grâce à une électricité très peu carbonée, mais les émissions induites par nos importations modèrent ce résultat. C’est enfin un pays où la consommation de sols se poursuit au rythme de la croissance économique. Ici, le découplage n’a pas eu lieu.

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